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contrainte émotionnelle parce que vous avez peur. » Cela envahit toutes vos pensées. Et nous n’arrêtons pas de faire comme cela, sous la contrainte. Et, tout d’un coup, ça nous soulage de penser qu’il y a cette issue, et de dire si c’est destructif. Là, nous entendrons tous, quelle que soit notre religion, quelles que soient nos idéologies, de dire rien ne vaut de passer par la destruction. On se défend, on réagit. Mais, si ça vous conduit à la destruction, sachez que c’est la peur qui est derrière, et que cette peur, elle est très vite irraisonnée.Les maladies mentales sont le miroir grossissant de ce que nous sommes, parce que ça nous montre le côté caricatural, « complètement dingue ». Mais, ce sont les êtres humains qui sont fous. Et, d’ailleurs, qu’est-ce qu’on a eu besoin de dire pour ces malheureux petits gamins... mais, ils sont ni fous ni barbares. Ils sont sous la contrainte d’émotions, où on voit bien qu’ils ont une valeur, au point d’aller se sacrifier. Quels sont les jeunes qui vont se sacrifier pour une valeur ? Tout ceci est en contraste complet avec leur manque total de valeur antérieure. Et, on va faire n’importe quoi. Mais, c’est d’une tristesse à pleurer, pour eux, pour les autres. Ça ne mène à rien. Toute l’histoire nous le montre, ça n’a jamais mené à rien les fondamentalismes, et on continue de les réactiver en pensant qu’on va se protéger en se fermant de l’ennemi des terres extérieures. Non ! L’ennemi est en nous tous. Le diable et le bon dieu sont chacun de nous. Comme la bipolarité. Ce sont des choses assez basiques. Aujourd’hui, on commence au niveau de la science à comprendre pourquoi, dans la chimie cérébrale, cela nous aide à fonctionner.Chez l’être humain, seul conscient de lui-même, cela prend une tendance très particulière à accorder de la valeur, à tout et à n’importe quoi. Ce qui fait territoire pour moi, ce n’est pas seulement la basse cour pour mon poulet ou pour les chiens. Ce qui fait territoire pour moi, c’est tout ce qui a de la valeur. Mais, je réagis comme mon chien devant l’attaque. Ma valeur, c’est mon club de foot, c’est ma religion, c’est ma famille. Alors, on va trouver que c’est plus ou moins bien, mais ce sont les mêmes principes. Et, on va avoir des jeunes, dans le monde à l’heure actuelle, qui vont croire à n’importe quoi. Cela devient le porteur de leur territoire. Et, si on y touche, ça va générer le même sentiment de menace que chez votre chien, quand il y en a un autre qui s’approche de sa gamelle. Si on le savait. Si on disait, mais c’est humain. On est tous potentiellement comme ça. Apprenons à en jouer. Ce n’est pas si dramatique. On fait de belles choses quand on s’entraide, quand on est dans le partage. Je pense que c’est là qu’il faut retrouver du sens et ne pas se battre sur les idéologies, qu’elles soient laïques ou religieuses. Le sens est dans : « Qu’est- ce qu’on en fait de tout ça ! »Depuis près de 50 ans, j’ai fréquenté la destructivité de jeunes qui pouvait conduire jusqu’à la mort. Aujourd’hui, je peux voir certains d’entre eux qui ont un plaisir de vivre, sans être forcément pleinement heureux, sans angoisses ou sans moments dépressifs. Mais, la qualité d’appréciation du vivant est toujours plus forte, chez ceux qui ont été au contact de l’abîme. Travailler auprès de jeunes en souffrance est une leçon de philosophie. Quelles que soient les déceptions éventuelles, l’important est de prendre le parti de la vie ».Onala maîtrise de la destruction. Alors que construire, vous renvoie à votre dépendance à l’autre.LA DÉPRESSIVITÉ À L’ADOLESCENCE | 13


































































































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